Famille
Aucune information1er mariage
Avec
DANNEMONT (DANEMONT) Hervey (1635 - ap 1678)Vers 1668
Saint-Paul,
RéunionA l'âge d'environ 26 ans et 0 mois
Notes :
Enfants : (sources CGB Les émigrants)
=> Gilles 04.08.1669 St Paul - 30.05.1729 St Pierre (Ile de la Réunion)
=> Geneviève 06.06.1673 - 12.01.1700 St Paul (Ile de la Réunion)
=> Suzanne 15.09.1674 - 08.10.1720 St Paul (Ile de la Réunion)
Notes sur l'individu
Faisant partie des filles françaises «recrutées» à l'Hôpital général de la Salpêtrière (Paris) et jugées «aptes pour les isles» (source : http://www.tlfq.ulaval.ca/AXL/AFRIQUE/reunion.htm) -
Elle est envoyée sur l'ïle Bourbon pour y épouser un colon déjà sur place et arrivée le 22/02/1667 avec la flotte de MONTDEVERGUE (10 bâteaux)
Sources CGB Les émigrants (3 enfants avec Jean BRUN !)
Sources http://cgb-reunion.org/histoire/89_yonne.htm :
Re mariée vers mai 1679 à l'île Bourbon avec Jean BRUN dit JOLY-COEUR (23.09.1646 à Dyé, Yonne (89) - 28.07.1710 à Ste Suzanne, Ile de la Réunion (97.4), arrivé sur l'île Bourbon par le bâteau "St Robert" en mai 1676, dont 1 enfant.
Enfant :
=> Marguerite 14.02.1680 - 25.10.1766 St Paul (Ile de la Réunion)
---> Re x de Jean BRUN vers 1682 à l'Ile Bourbon avec Anne HAAR (15.08.1668 St Paul La Réunion - /1690), dont 2 enfants (Anne 30.10.1683 et Henry vers 1686, nés à St Paul de la Réunion)
Le 2 mars 2005
Histoire de La Réunion
Femmes à Bourbon
Il y a 335 ans...
par Service Multimédia http://reunion.rfo.fr/article49.html
Nous sommes sur le bord de mer, à Saint-Paul, le 22 février 1667. Il faut faire un effort d'imagination pour visualiser le Saint-Paul de cette époque. Le bord de mer n'a guère changé, avec son sable noir et les lianes de ses patates à Durand. Mais dès qu'on tourne la tête vers l'intérieur du pays, quel choc ! Une broussaille sèche et épineuse couvre partiellement les dunes de sable noir. En arrière de celles-ci, la végétation se fait plus épaisse, de hauts arbres dominent les buissons et il faudrait grimper dans l'un d'entre eux pour deviner, au pied des collines, l'arc étincelant de l'étang.
Il est large et vaste, cet étang, il n'est pas devenu la pauvre virgule qui en reste aujourd'hui. Et au-dessus de lui, les pentes qui seront un jour le Bois de Nèfles, Fleurimont, Saint-Gilles les Hauts, ces pentes sont couvertes d'une forêt parfois clairsemée, parfois impénétrable, selon qu'il y a ou non de l'eau à proximité.
De l'eau, il y en a partout dans ce Saint-Paul de 1667. Elle coule en abondance des montagnes, elle tombe en pluie des falaises, elle alimente douze mois sur douze les ravines qui ne portent pas encore de nom mais qui seront un jour la ravine du Bernica, la ravine Laforge, la ravine Tête Dure ou celle du Précipice...
Mais la surprise la plus forte, pour le visiteur du passé, est de constater que pas une maison ne se voit dans ce paysage ! Aucun toit ne dépasse de la végétation, nul hangar, nul débarcadère sur le front de mer, désert comme à l'aube des temps ! C'est normal : les quelques cabanes des premiers colons sont enfouies dans la nature, loin là-bas près de l'étang. ils ne sont pas fous, les compagnons du commandant Regnault : ils ne se sont pas installés sur ces dunes arides, ils ont préféré habiter et cultiver là où la terre est grasse, où il y a de l'eau, des poissons, du gibier. Mais aujourd'hui, 22 février 1667, ils ont jailli de leurs huttes et ont galopé jusqu'à la plage. Car ils ont de la visite. Et quelle visite !
Combien sont-ils, les colons accourus sur les dunes de Saint-Paul, ce 22 février 1667 ? Entre douze et quinze. Ce n'est pas grand monde. Il est vrai que l'île Bourbon est fraîchement habitée : son commandant, Étienne Regnault, n'est arrivé qu'il y a un an et demi, en juillet 1665. Il avait une vingtaine de compagnons avec lui, mais quelques-uns ne figurent plus à l'effectif. Ils sont morts ou ils se sont lassés et sont repartis sur un navire de passage.
C'est qu'il y a une particularité décourageante, dans cette île Bourbon. Le climat y est agréable, l'air est pur, il n'y pas un seul animal dangereux, tous les légumes et les fruits que l'on plante poussent merveilleusement, les poules, les cochons, les cabris engraissent tous seuls dans la nature et celle-ci offre en outre une ressource qu'on imagine infinie d'oiseaux, de tortues, de poissons... Un paradis, donc ! Oui, mais un paradis sans Ève...
En effet, les gars de Regnault, en 1665, sont arrivés sans femmes. Il y en avait trois dans l'île, trois femmes malgaches arrivées deux ans plus tôt avec un certain Louis Payen - les premières femmes de Bourbon, donc - mais trois pour une grande vingtaine, c'est un peu juste, d'autant que ces dames avaient déjà des compagnons, les serviteurs malgaches de Payen qui s'étaient enfuis avec elles dans les " montagnes ", c'est à dire quelque part du côté de Plateau Caillou. En outre, on n'est même pas sûr qu'elles soient restées, ces trois jeunes malgaches qui avaient donné à l'île leurs premiers bébés...
C'est dire si le coup de canon qui a fait résonner la baie a réveillé la petite quinzaine d'habitants de Bourbon. Un navire ! Non, deux ! Et des gros ! Enfin, des renforts, des nouvelles du pays, des outils et des armes, peut-être !
Les gars qui sautillent sur le sable pour ne pas trop se brûler les pieds n'osent pas exprimer leur vœu le plus secret : et s'il y avait des femmes sur ces bateaux, hein ? S'il y avait des femmes...
Ils attendent, les douze, quinze habitants de Bourbon, sur le bord de mer, ils attendent et ils regardent. Les deux navires ont mouillé leurs ancres et des gabiers juchés dans la mâture ferlent lentement les voiles. Un palan soulève un canot, qui est prudemment guidé par-dessus bord puis descendu en douceur jusqu'à l'eau.
Enfin, l'embarcation se dirige lentement vers la rive, dans le bruissement régulier de ses rames. Ils se précipitent, les Bourbonnais, ils aident ces visiteurs à sauter à l'eau, à débarquer quelques ballots et quelques hommes, avant de s'en retourner pour une nouvelle navette. Les questions fusent :
- C'est quels navires ?
- Le Saint-Jean-Baptiste, navire amiral de Monsieur de Montdevergue, vice-roi des Indes, 36 canons, et le Terron, 24 canons !
- Diantre ! La Compagnie a mis les moyens ! Pas trop tôt !
- La Compagnie et le roi ! Et ce n'est qu'un début : dix navires sont en route pour Madagascar ! La plupart devrait passer par ici !
La douzaine de Bourbonnais échange des regards excités. Une flotte ! Cette fois, Madagascar ne résistera plus longtemps ! Et puis, Bourbon obtiendra bien quelques renforts par la même occasion...
Un des colons pose la question qui brûlait les lèvres de tous ses compagnons :
- Et des femmes, l'ami, il y a des femmes ?
Le marin se gratte la tête, embarrassé :
- Écoute, je ne devrais pas le dire, mais... Nous étions 1688 personnes, sur dix navires, au départ de La Rochelle, il y a onze mois. La route n'a pas été facile, il y a eu des naufrages, le scorbut... On va vous débarquer un tas de malades, bien mal en point...
- Oui, mais les femmes ?
- Mon pauvre vieux... Il n'y en avait que 32 au départ, avec une trentaine d'enfants. Disons qu'une sur trois est morte en route et que celles qui ont survécu sont mariées. Désolé, les gars, mais faudra encore patienter !
Quelques jours après le Saint-Jean Baptiste et le Terron, quatre autres navires arrivent en baie de Saint-Paul. L'île Bourbon n'a jamais vu autant de bateaux ! Ni autant de gens, car voici qu'on débarque des dizaines et des dizaines de malades, des scorbutiques pour la plupart. D'un seul coup, la population de Saint-Paul est multipliée par vingt ! Ce n'est que provisoire : les deux tiers de ces malades mourront, malgré le climat réputé sain de Bourbon ; quant aux autres, beaucoup repartiront. Finalement la flotte de Montdevergue aura fait passer le nombre des Bourbonnais d'une douzaine à une vingtaine de personnes. Ce n'est pas grand-chose...
Parmi les nouveaux venus, il y a un curé, le premier ecclésiastique de l'île. Il se nomme Lanonimo de Matos, ce qui laisse penser qu'il était peut-être portugais, embarqué par Montdevergue lors de l'escale que fit la flotte au Brésil. Il a laissé sa signature sur le premier registre de mariages et de baptêmes...
Des baptêmes ? Oui, car il y a des femmes ! Au moins deux, peut-être cinq. Pourquoi cette incertitude ? Parce qu'il n'y avait pas de recensement à l'époque et que les historiens et les généalogistes n'arrivent pas à savoir de manière irréfutable si tel ou tel des premiers colons a débarqué en 1665 avec Regnault ou quelques mois ou années plus tard. La vérité est d'autant plus difficile à trouver que certains ont fait des aller)retours avec Madagascar, ce qui complique encore les choses.
Mais disons cinq peut-être. C'est largement insuffisant pour la grosse vingtaine de colons mâles que l'île va désormais compter, mais c'est mieux que rien. Et n'oublions pas que les trois malgaches de 1663 sont peut-être encore là... Citons ces dames : Jeanne de la Croix, Antoinette Arnaud, Anne Billard, Marie Baudry et Léonarde Pillé. Trois sont mariées, mais deux sont libres. On imagine quelle émotion cela suscite chez les célibataires de Bourbon, qui n'ont pas vu de jupon à la française depuis des années ! L'île se met à bourdonner, sans doute, de compliments et de poèmes. Il est même possible que ces messieurs se mettent à se laver, pour augmenter leurs chances. Ah, ce qu'on ne ferait pas pour plaire...
Elles sont donc là, ces cinq femmes, sur la plage de Saint-Paul. Un peu gênées sans doute sous les regards de cette douzaine de mâles sevrés depuis deux ans. Mais très vite, sous l'autorité paternelle du commandant Regnault, la vie s'organise. Il y aura quelques semaines de belle pagaille, le temps que les malades de la flotte reprennent force - ou qu'ils meurent - puis, lez dernier navire parti, la colonie Bourbon retourne à sa petite vie tranquille, augmentée de quelques habitants... et habitantes.
Mais présentons-les, ces dames. On ne sait pas tout d'elles, hélas. L'aînée semble être Antoinette Arnaud, qui a 24 ans à son arrivée. Elle est avec son mari, Jean Bellon, Lyonnais comme elle. À sa mort, elle épousera un autre colon, Lézin Rouillard. Elle mourra à 77 ans, après avoir donné le jour à dix enfants. Par les femmes, elle a donné souche aux familles Lebreton et Robert, entre autres !
Sa compagne Jeanne de la Croix, une Normande de 15 ans, donnera 5 enfants à son premier mari Claude Mollet, un gars de la Brie, puis neuf à Pierre Hibon, natif d'Arras. Les familles Mussard, Ricquebourg, Baillif, Hibon lui doivent beaucoup...
Anne Billard sera la mère du premier enfant blanc né dans l'île, Étienne Pau. Mais à la mort de son mari Pierre Pau, elle partira à Madagascar. Elle n'a donc pas fait souche dans l'île.
Marie Baudry, de Calais, l'un des deux célibataires, trouvera le bonheur dans les bras de René Hoarau, de Boulogne sur Mer, à qui elle donnera une vigoureuse descendance...
Et la dernière ? Léonarde Pillé, encore une Normande. Elle épousera Hervé Dennemont, dont elle aura trois enfants, puis Jean Brun, trois enfants encore.
Faisons le compte : Antoinette Arnaud, 10 enfants ; Jeanne de la Croix : 14 ; Anne Billard : 1 ; Marie Baudry : 5 ; Léonarde Pillé : 6. Cela fait 36 enfants pour cinq mamans ! À ce rythme, la colonie Bourbon va se peupler vite ! Effectivement, à la mort de d'Antoinette Arnaud, la doyenne de ces grands-mères, en 1720, l'île comptait 3600 habitants ! C'est sûr, le rivage de Saint-Paul ne serait plus jamais désert...